LES GRANDES QUESTIONS > Les patients > Les jeunes
La moitié des interventions de chirurgie esthétique s’adresse, le plus souvent, à des gens jeunes : rhinoplasties, otoplasties, lipoaspirations, poses d’implants mammaires, réductions mammaires, plasties abdominales. La correction des oreilles décollées se fait chez l’enfant dès 7-8 ans. La modification de la forme et de la taille du nez est possible après la puberté, tout comme la réduction de l’hypertrophie mammaire.
La pose d’implants mammaires et la lipoaspiration, aussi, sont techniquement possibles après la puberté, mais pour ces deux opérations, il convient d’être plus prudent. En effet, une rhinoplastie ou une réduction mammaire peuvent présenter des indications incontestables. Lorsque vous êtes face à une jeune fille dont la poitrine de 100 ou 110 bonnets D ou E, paraît complètement discordante avec le reste de son corps, l’indication est effectivement incontestable. Il n’y a là aucun motif de refuser l’intervention : la situation ne fera que s’aggraver dans le temps, et seule la main du chirurgien esthétique rectifiera cette anomalie. Il en va de même pour une hypertrophie nasale manifeste, qui gâche l’harmonie d’un visage. La justification de l’opération est incontestable, car les jeunes personnes venues consulter expriment, la plupart du temps, une souffrance en rapport avec le défaut anatomique.
En ce qui concerne l’augmentation mammaire par pose d’implants et la lipoaspiration, les indications doivent être plus mesurées chez les patients jeunes. La demande sera recevable chez une jeune fille au thorax complètement plat, avec absence totale de glande mammaire, alors qu’elle doit être tempérée chez une jeune personne dotée d’une poitrine petite, harmonieuse et jolie. Il n’y a jamais d’interventions de chirurgie esthétiques anodines, la mise en place d’un implant mammaire aura un effet tout au long de la vie de la future femme. L’implant n’étant qu’un matériau, il évoluera, avec le temps, vers l’usure ou le durcissement. Il faudra probablement le changer, d’où une ou plusieurs interventions surnuméraires, surtout s’il a été posé à l’âge de 18 ans. La lipoaspiration est souvent, elle aussi, demandée par les jeunes femmes. Elle a des indications évidentes pour une jeune fille sans surpoids, avec, la plupart du temps, ce qu’on appelle une configuration méditerranéenne. Il existe alors une discordance manifeste entre le haut et le bas du corps, car au cours de la puberté, une surcharge graisseuse localisée essentiellement aux cuisses s’est mise en place. Là encore, chez ces patientes, l’indication opératoire est incontestable, à condition qu’elles n’aient pas de kilos en trop. L’intervention doit même être faite au plus tôt, afin d’enlever le plus de graisse possible au niveau des cuisses, pour utiliser les capacités d’élasticité et de tonicité cutanée maximales, car cette surcharge graisseuse entraînera, avec le temps, une distension cutanée.
Il faut bien différencier cette demande de celle de jeunes filles qui, quelquefois avant mais surtout après leur puberté, ont accumulé un surpoids diffus, en plus de surcharges localisées créant des dysharmonies. Même s’il y a parfois une indication chirurgicale pour celles-ci, il faut, avant d’intervenir, que la patiente revienne à un poids normal.
Enfin, sortent complètement du cadre de l’indication chirurgicale les patientes en surcharge pondérale diffuse, sans dysharmonies surajoutées au niveau des cuisses ou des hanches. La lipoaspiration n’étant, en aucun cas, une technique d’amaigrissement, il ne faut absolument pas les opérer. La seule solution reste la perte de poids par changement de régime alimentaire. Dans tous les cas, chez ces patientes, il convient de faire comprendre qu’après leur intervention de chirurgie esthétique, elles doivent conserver le poids le plus stable possible.
Le meilleur traitement préventif à l’ensemble des disgrâces physiques dues à la surcharge pondérale est, à ce titre, de garder, si possible, le même poids tout au long de sa vie. Il faut rappeler aux patientes que même lorsqu’elles sont enceintes, elles ne sont pas autorisées à prendre 25 ou 40 kg ! Le corps de très peu d’entre elles résistera à cette surcharge au niveau des seins, du ventre, des cuisses, des bras et des fesses.
Il faut enfin avoir conscience que le marché de la chirurgie esthétique a changé. Cette évolution ne s’est pas faite par hasard, car encore une fois, la chirurgie esthétique rapporte de l’argent à qui sait la vendre. Sur un plan strictement marketing, on a cherché à élargir la cible de la chirurgie esthétique. Une fois que les femmes étaient convaincues, beaucoup ont pensé que les hommes et les jeunes seraient de bons clients potentiels de chirurgie esthétique. Il n’y a pas de raison, effectivement, que les hommes ou les jeunes se privent de chirurgie esthétique... mais il n’y a pas non plus de raison de leur faire croire qu’elle est un moyen incontournable pour leur bien-être.
On a tenté en réalité de faire valoir des théories sur la consommation de chirurgie esthétique dès le plus jeune âge, comme on en a développé sur la minceur, pour coller immédiatement et facilement aux canons de la beauté en vigueur. Il apparaît cependant extrêmement malsain de faire penser aux jeunes gens encore en pleine adolescence que seule leur apparence physique leur ouvrira les portes de la réussite. Si, bien entendu, ces techniques sont une aide salvatrice pour beaucoup d’entre eux, en leur enlevant un défaut qui les empêche de communiquer correctement avec leur entourage, elles seront un leurre pour qui n’en a pas véritablement besoin. On ne vend pas à ces adolescents, souvent globalement insatisfaits de leur apparence physique, une opération de chirurgie esthétique comme le dernier survêtement à la mode.