Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


LES GRANDES QUESTIONS > Les interventions > Les risques thérapeutiques

Toute intervention présente comporte des risques


Chirurgie esthetique : les risques thérapeutiques

Chirurgie esthétique : les risques présents pour toute intervention chirurgicale

Lorsqu’on entend parler de risques en chirurgie esthétique, on retrouve fréquemment deux attitudes extrêmes. La première est l’épouvante suscitée par des reportages aussi spectaculaires que dramatiques sur cette la chirurgie esthétique. La deuxième est le déni pur et simple du risque, dans le but de rassurer. Ces deux visions des choses sont aussi mauvaises l’une que l’autre, néfastes à la discipline et sans intérêt, car vides d’informations pour les patients de chirurgie esthétique.
Du coup, beaucoup ne connaissent pas les risques liés à la chirurgie esthétique, et ont beaucoup de mal à identifier à quoi ils correspondent. Pourtant, les dernières lois en chirurgie esthétique imposent à tout chirurgien d’expliquer la totalité des risques, même s’ils sont exceptionnels, à son patient. Le consentement éclairé recherché par la loi ne doit pas être un consentement orienté dans le but de vendre une intervention de chirurgie esthétique. Cette compréhension est obligatoire, afin que le patient prenne, en toute connaissance de cause, la décision de se faire opérer ou pas. Si un seul de ces risques est occulté, on considère qu’il n’avait pas en sa possession tous les éléments nécessaires pour, éventuellement, refuser l’intervention.

Ils découlent du geste lui- même, et sont communs à la plupart des interventions, quelle que soit la spécialité. On ne sera jamais sûr à 100 % qu’un d’eux ne se produira pas. Heureusement, les risques thérapeutiques de chirurgie esthétique ont la chance ou plutôt malchance de se réaliser de l’ordre de 3 %.

Chirurgie esthétique : l’anesthésie

C’est à l’anesthésiste, au cours de la consultation pré-anesthésique obligatoire, d’exposer les différents risques spécialement liés à l’anesthésie. Le chirurgien décide cependant si l’intervention qu’il prévoit de réaliser nécessite une anesthésie locale ou générale. Si classiquement, l’anesthésie, quand elle est locale, présente moins de dangers, certaines réactions allergiques aux anesthésiques locaux sont possibles. Les conséquences d’un accident d’anesthésie sont extrêmement variables, de la simple éruption cutanée à l’exceptionnel décès.

Chirurgie esthétique : L’hématome

Au cours de l’opération, l’incision chirurgicale sectionne des vaisseaux sanguins qui libèrent du sang. Ces vaisseaux sont petits, le saignement est faible et le chirurgien le contrôle en les coagulants pas à pas. À la fin de l’intervention, le champ opératoire ne doit être refermé que si le saignement est bien maîtrisé. Le chirurgien esthétique doit accorder un temps important à cette action d’hémostase, afin de prévenir au maximum la survenue d’une complication hémorragique.

En postopératoire cependant, sous l’effet de variations de la pression sanguine, certains vaisseaux se remettent quelquefois à saigner. Ils provoquent alors un hématome ,c’est-à-dire une collection de sang dans la zone opérée. L’importance de cet hématome conduit parfois à une réintervention dans les suites immédiates, pour l’évacuer et faire cesser à nouveau le saignement.

Dans le bilan préopératoire de toute intervention chirurgicale, on contrôle la coagulation sanguine du patient, pour éliminer tout trouble augmentant ce risque. On sait aussi que certains médicaments comme l’aspirine favorisent le saignement en chirurgie esthétique, et doivent donc être arrêtés longtemps avant une intervention. L’hématome évacué est, le plus souvent sans conséquence.

Chirurgie esthétique : l’infection

Une contamination microbienne pendant l’acte de chirurgie esthétique ou dans les suites immédiates est toujours possible. En postopératoire, rougeur, douleur et fièvre alertent patient et chirurgien. Cette infection est limitée dans ses débuts, et se résout généralement rapidement, grâce à des soins locaux et des traitements antibiotiques. Pour éviter ce risque, on opère les patients de chirurgie esthétique sous antibiothérapie préventive. Ils reçoivent des antibiotiques pendant et après l’intervention, pour empêcher une éventuelle pénétration de germes. Quelquefois, malgré ces précautions,la contamination survient. Ses conséquences varient en fonction de son importance, du germe en cause et du type d’intervention.

Chirurgie esthétique : la cicatrisation

Enfin, tous les patients de chirurgie esthétique n’ont pas la même capacité de cicatrisation. Les uns créent l’exacte quantité de tissu nécessaire à une soudure fine et souple, d’autres produisent du tissu cicatriciel en quantité excessive. La cicatrice s’épaissit, prend du relief, on parle alors de cicatrice hypertrophique. Certaines d’entre elles s’aplatissent dans un délai pouvant aller jusqu’à18 mois, et se transforment alors en cicatrices élargies. Les cicatrices de chirurgie esthétique qui persistent passé ce délai de 18 mois sont appelées cicatrices chéloïdes.

Implants mammaires, prothèses diverses, substances injectées, fils de tractions, ont tous des risques liés à leur composition et à leur fabrication.

Infection, allergie, rupture, migration, déplacement, résorption, induration... Les risques thérapeutiques ne dépendent pas directement du chirurgien. Le chirurgien esthétique a, par contre, le devoir de prévenir ces risques au mieux, et surtout de les traiter avec diligence s’ils se concrétisent. Ils correspondent, en quelque sorte, aux pannes mécaniques des accidents d’avion.