Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


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chirurgiens esthétiques, argent et gloire


Chirurgie esthétique : les mauvaises raisons de choisir ce métier, l’effet nip-tuck

Choisir la chirurgie esthétique pour l’argent

Il est logique de gagner de l’argent dans l’exercice de son métier, mais il faut le faire en respectant les règles établies. La publicité est strictement interdite en France pour les praticiens et les cliniques de chirurgie esthétique. Cette prohibition n’est pas le fruit du hasard. S’adresser à un établissement ou à un praticien qui fait de la publicité directe ou indirecte est la garantie d’avoir affaire, presque à chaque fois, à un mauvais service. La recherche de l’argent en chirurgie esthétique est assez facile somme toute à mettre à jour et à comprendre, car elle relève d’un but bien déterminé et structuré, nécessitant la mise en œuvre de moyens bien visibles.

Choisir la chirurgie esthétique pour le pouvoir de création

Le souci de valorisation par le pouvoir de création et l’institution de relations « séduction/admiration » sont moins évidents à découvrir, car ils découlent de problèmes personnels plus ou moins bien dissimulés. Le chirurgien responsable d’une opération de chirurgie esthétique entreprend un acte de création. De ses mains, avec le consentement de son patient, il modifie, construit, modèle des formes humaines, avec des conséquences sur la vie d’un individu. Ce pouvoir de transformation est très valorisant. Sans un respect profond et un contrôle absolu pour le bien des patients, le chirurgien, s’il s’en sert pour sa satisfaction personnelle, prend des risques considérables pour eux. S’il ne s’efface pas totalement derrière ce pouvoir, pour ne prendre en considération que la stricte demande du patient et la manière d’y répondre le plus précisément possible, il commet un abus, source de conséquences graves. Fasciné par sa création, le chirurgien esthétique oublie le patient et aura parfois tendance à tout modifier, tout opérer, se croyant plus fort que Dieu lui-même. Cet excès de création, bénéfique pour un peintre ou un sculpteur, est une catastrophe pour un chirurgien, et surtout pour ses « victimes ». Ce pouvoir, excessif et’abusif, peut être à l’inverse responsable de l’incompétence. Le praticien qui n’a pas voulu satisfaire à l’apprentissage long et difficile de la chirurgie a bien plus de mal à contrôler cette responsabilité, qu’il n’a ni apprise ni intégrée. En s’autoproclamant chirurgien, il jouira même doublement de ce pouvoir de valorisation. Il s’octroie d’un seul coup la qualification de chirurgien, comme s’il était naturellement plus fort que les autres, misant sur ses capacités à opérer aussi bien, voire mieux, sans formation, sur ses simples dons. Quand il opère, cependant, aveuglé par sa pseudo réussite, il ne saurait avoir conscience de ses résultats, bien souvent médiocres. Abuser d’un pouvoir de création en y étant formé, pour son propre plaisir, est déjà grave. S’en servir en dépit du bon sens, en se croyant plus fort que ses collègues, est d’une prétention hautement préjudiciable pour les patients.

Les motivations des chirurgiens esthétiques

Choisir la chirurgie esthétique pour séduire

La dernière motivation largement rencontrée en chirurgie esthétique, est la recherche d’une relation « séduction/admiration » entre praticiens et patients. 80 % des demandes de chirurgie esthétique sont le fait de femmes, et ce rapport s’exerce donc très largement dans le sens chirurgien/patientes, même s’il existe aussi, avec des variantes, pour les femmes chirurgiens. Le chirurgien esthétique pense parfois que sa meilleure arme de vente est la séduction. Mais séduire pour opérer en déployant tous ses charmes revient à se vendre. Pour agir de la sorte, il faut probablement être confronté soi-même à un problème d’image et de séduction. Il est d’ailleurs relativement fréquent que ces praticiens usent eux-mêmes de la chirurgie esthétique pour coller à l’image de séduction qu’ils affectionnent. Tentent-ils, au travers de la chirurgie esthétique, de compenser un besoin de séduction leur ayant fait défaut à un moment de leur existence ? On assiste en tout cas, au cours de consultations, à des numéros de charme étonnants, où tout est fait pour séduire : langage, contacts physiques, environnement. Le praticien se comporte comme un spécialiste de la femme, qu’il « connaît et comprend ». En dehors de son cabinet, il reste toujours en représentation. Chaque dîner et réunion, qu’il recherche avec beaucoup d’énergie, est l’occasion d’un exposé sur son talent. Il occulte d’ailleurs assez volontiers l’aspect chirurgical de ses interventions, pour gagner la confiance par son numéro de séduction. Malheureusement, un certain nombre de personnes se laissent prendre par ces attitudes tout de même un peu grossières. Étant elles-mêmes confrontées à un problème d’image négative, et quelquefois de séduction, la flatterie peut les toucher. Elles pensent que ces rapports de séduction facilitent la confiance, l’écoute et la compréhension. Mais c’est une erreur et un piège dans lequel il vaut mieux ne pas tomber. Opérant ensuite sur ces « bonnes » bases, le praticien abusera plus facilement de cette relation déjà établie, qui deviendra primordiale, occultant toute la véritable prestation chirurgicale.